édito
Comment l’art donne à discuter ses multiples potentialités d’avènement, de production, de partage et de transmission ? Cette question a été au cœur d’un projet pédagogique qui prend ici la forme d’une collaboration entre la revue Possible et les étudiants de la promotion 2017-2018 du Master 2 Sciences et Techniques de l’Exposition. Ensemble, nous avons conçu cette publication inédite sous la forme d’une carte blanche à Empreinte, collectif créé par les étudiants pendant leur formation. Au travers de leurs activités diverses d’exposition, de recherche, d’écriture, de publication, de production d’artistes, de rencontres et de visites, les membres du collectif Empreinte explorent le milieu professionnel de l’art contemporain et s’initient à ses pratiques.
Fondé en 2005 et dirigé par Françoise Docquiert, le Master Sciences et Techniques de l’Exposition, est une formation qui s’adresse à de futurs professionnels des métiers de l’Exposition dans le domaine de l’art moderne et contemporain. L’objectif de l’équipe pédagogique du Master est de former des professionnels ayant aiguisé leurs compétences réflexives (capables de développer une analyse critique dans les domaines étudiés), créatives (à même d’imaginer et d’accompagner des projets originaux au sein d’équipes pluridisciplinaires) et techniques (ayant la maîtrise opérationnelle des principaux outils de la conception et du développement de projets artistiques). Au sein de cette formation et dans le cadre de mon intervention intitulée « Médiation des œuvres », j’y aborde avec les étudiants une possible réévaluation de cette approche en lien avec l’évolution des pratiques curatoriales, tant par l’analyse critique des œuvres que du processus de création. Comment inscrire la médiation au cœur d’une expérience artistique ? Comment lier l’expérience et le savoir collectif ? Quel lien entre la pratique de l’écriture et une parole échangée ? Quelle relation établir avec l’artiste ?
Afin d’agir en tant qu’étudiant sur cette pratique, il était important d’aller sur le terrain de la création et de la production artistique contemporaine pour mieux comprendre qu’il n’y a pas de discours fermés sur l’art. Depuis quelques années, on assiste à un regain d’intérêt pour la relation entre l’artiste et son atelier, d’un point de vue pratique et matériel aussi bien que conceptuel. Questionnant ce lieu d’origine de la production artistique, j’ai demandé à chacun d’entre eux de choisir un artiste émergent ou confirmé et d’initier une rencontre avec l’artiste dans son atelier, son espace de travail et/ou de vie. Du lieu à l’œuvre, l’atelier, « royaume de l’expérience », a permis au collectif Empreinte de mettre en lumière des artistes qui en ont la pratique. Les entretiens se sont déroulés entre octobre et décembre 2017 et ont été suivis par une phase de réécriture en étroite collaboration avec le comité de rédaction de la revue. Pour ces étudiants, le passage du dialogue à l’écriture a été formateur en affirmant une position d’auteur. À travers cette expérience tant personnelle que collective, je formule l’espoir que cette collaboration laisse une trace, éphémère, évanescente ou durable, d’une jeune génération qui partage le goût de l’échange avec les artistes.
Je tiens ici à remercier la revue Possible et son comité de rédaction pour son écoute, sa bienveillance ainsi que toute l’équipe de la Villa Belleville qui accueille le lancement de la revue prenant la forme d’une exposition ponctuée de discussions. Un grand merci aux artistes pour leur confiance et aux étudiants pour la qualité de ces échanges.
Marianne Derrien
sommaire
Carte blanche
au collectif Empreinte
hiver 2019
entretiens
Raphaël Barontini — Hybridations oniriques
Pauline Bazignan — Déjà là, inconnu encore
Jessica Boubetra — Au sortir des ateliers Icade
Julie Buffard-Moret — Distordre les faits,
Julie C. Fortier — Intimes fantômes
Bertrand Lamarche — Welcome to...
Lei Saito — Aventures culinaires
Trapier-Duporté — Le sentiment océanique
édito